Interview: Alphonse Camara « ce sont les arrangeurs qui doivent amener les artistes, à rester dans le sillage de leur culture »

by Kolazine / il y a 114 mois / 0 Commentaires
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Alphonse Camara, communément appelé Alphonse, est un musicien-claviériste, arrangeur, programmateur et ingénieur. Cet homme à plusieurs casquettes, est très connu dans le milieu artistique. Ce, en raison de ses multiples fonctions dans le domaine et par endroit détenteur d’un studio d’enregistrement. L’équipe de Kolazine est allée à sa rencontre cette semaine, à son studio de Coléah. Dans un entretien qu’il nous a accordé, Alphonse nous parle de son parcours mais aussi du rôle qu’un arrangeur doit jouer dans la promotion de sa culture. Lisez !
L’on sait que vous n’êtes plus à présenter dans le paysage musical guinéen, mais pour le plaisir de nos lecteurs, pouvez-vous nous parler de votre parcours, c’est à dire de vos débuts jusque là ?
J’ai commencé la musique en 1992 par la danse, j’étais souvent recruté pour apparaitre dans des clips vidéo jusqu’en 1993, l’année à la quelle j’ai commencé à faire la musique proprement dite. Ainsi, j’ai continué jusqu’en fin 1996 et j’ai été pris par un grand frère de nom de Morykè Kouyaté, le mari de l’artiste Namassa, qui m’a donné le B.A-BA du métier et qui m’a finalement fait intégré dans le groupe de M’Balou Kanté, avec laquelle j’ai joué jusqu’en 1997. C’est à cette année que j’ai rejoins le groupe de Sayon Camara « Taramakhè » où je suis actuellement chef d’orchestre. Mais il faut dire que c’est monsieur Mory Fofana qui m’a dans cette histoire de studio. On n’a commencé dans le studio de sayon Camara, où j’ai travaillé comme claviériste et programmateur. Deux ans après, c'est-à-dire en 2002, au moment où je cherchais à être arrangeur, je me suis finalement retrouvé aussi ingénieur.
Comment vous avez traversé toutes ces péripéties ?
Ça n’a pas été facile, surtout que je n’avais pas un maitre professionnel. Celui qui m’apprenait était un guitariste de profession, il me donnait donc les notes à partir de sa guitare et moi j’appliquais cela sur le clavier. Mai comme j’étais intelligent, finalement j’ai pu m’en sortir et j’ai continué à faire une auto formation, jusqu’à ce que j’ai eu la main.
Vous êtes aussi détenteur d’un studio d’enregistrement ?
Comme je vous le disais, je travaillais dans le studio de l’artiste Sayon Camara, mais en 2002, j’ai quitté pour faire un mini studio de quatre (4) pistes dans ma chambre, avec quoi j’ai travaillé jusqu’en 2006. Ainsi, je me suis acheté un ordinateur et j’ai commencé à bien m’apprendre à travers les gens jusqu’en 2009, l’année à la quelle je me suis fait un studio numérique.
Il y’a beaucoup d’artistes qui se sont faits enregistrés dans votre studio, est ce qu’on peut connaitre quelques grands noms ?
J’ai travaillé avec Djély Kany Fanta, Sèguè, Lévy Bobo, l’albinos Bouba Touré, entre autres. Je travaillais aussi dans certains studios comme chez Danf Production où j’ai fait le morceau « Idè ba M’ma Vie koui » de l’artiste Issa Diabaté, j’ai aussi assuré la programmation et les claviers de l’artiste BB Baya chez Alpha Foté, derrière le stade de Matoto. Donc je ne travaille pas que dans mon studio, je suis le requin des studios parce que je suis claviériste.
Est-ce que vous avez des apprentis aussi ?
Pratiquement non. Les jeunes refusent de travailler si non dans mon quartier, j’ai cherché toujours à apprendre certains. Mais quand tu les appelle, ils te rassurer toujours de leur disponibilité jusqu’au moment du boulot, tu verras personne.
Est-ce que devenir un musicien était votre rêve ?
Non, je me moquais souvent des musiciens, surtout quand je voyais un balafoniste avec son instrument, je riais beaucoup à même me couché par terre.
Tout mon rêve était de devenir un grand médecin généraliste, mais voilà que je me retrouve parmi les gens aux quels je me moquais.
Qu’est ce que ce métier vous a donné ?
Beaucoup, parce que c’est ce qui me fait vivre.
En tant que musicien professionnel, comment appréciez-vous le niveau des artistes guinéens ?
Actuellement, ils sont entrain d’évoluer. Parce qu’il fut un moment, ils avaient complètement laissé notre culture à profit d’autres rythmes comme le couper-décaler. Mais je pense que, ce sont les arrangeurs, qui doivent les amener à rester dans le sillage de notre culture. Ils doivent introduire dans leurs morceaux des touches traditionnelles, même si c’est une couleur purement ivoirienne qu’ils souhaiteraient avoir. Je prends l’exemple sur moi, quand un artiste vient dans mon studio pour que je te fasse du couper-décaler, je te le ferais toujours à ma manière où tu auras des rythmes de chez nous comme, le « yolé », du rythme de la foret, mais aussi du Fouta.
Quels conseils à ceux veulent devenir comme vous ?
C’est de leur dire de travailler avec amour. Parce que si tu aime ce que tu fais, tu vas toujours excellé dedans. Je suis vraiment prêt à travailler avec les bons jeunes pour qu’ils deviennent quelqu’un de demain et qu’ils prennent ma relève. Il me faut un assistant parce que dès fois je voyage et quand ces moments là arrivent, je suis obligé de fermer le studio jusqu’à mon retour, ce n’est pas normal. Mais tout cela, c’est parce que les jeunes ne veulent pas travailler.
Votre mot de la fin ?
C’est de remercier le bon Dieu de m’avoir bien guidé les pas et de me donner la renommé dans ce métier. Aujourd’hui beaucoup parlent de moi, c’est parce que quelque part je fais bien mon travail. Cela, grâce à Dieu que ne cesserai de remercier.
Je ne s’aurais également terminé sans remercier l’équipe de Kolazine.com, qui ne s’intéresse pas seulement qu’aux artistes –chanteurs, mais à tout le chainon de la filière musique.
Propos recueillis par Samba Marco
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