Guinée : Religion, la mosquée Fayçal toujours à l’ombre d’elle-même
Construite en 1982 sous financement de l’Arabie saoudite, la mosquée Fayçal est de loin la plus grande de la Guinée et l’une des grandes de l’Afrique de l’Ouest. Elle fait partie à la fois du patrimoine religieux et historique comme le palais du peuple ou encore celui des nations, symboles de la souveraineté nationale guinéenne, héritage de la révolution.
Aujourd’hui force est de constater qu’elle est en passe de devenir pas une fierté mais une honte nationale tant son état se dégrade et offre aux visiteurs un spectacle désolant : Des murs fissurés, un toit suintant et des fidèles qui prient à même le sol sur des carreaux envahis pas des flaques d’eau, plus de tapis. Un monument qui se déconstruit aux vues et aux sus de tout le monde.
Pourtant, il n’y a pas longtemps, lors de sa dernière visite d’Etat à Conakry, le roi Mohamed VI avait promis la rénovation de cette grande maison de Dieu. Plusieurs millions de francs guinéens avaient été annoncés pour ce travail. Seulement peut-on appeler celui une rénovation ? Quelques coups de peinture à l’extérieur, un léger changement de façade alors que l’intérieur souffre de dégradation.
Ainsi, on n’est à même de se demander par où sont passés ces millions qui n’auront servi presqu’à rien. C’est du moins l’avis de ce fidèle, Mohamed Camara : « Nous on se demande de quoi on n’a fait l’argent du roi qui a promis la rénovation de cette mosquée. Elle est là toujours dans un état piteux. On n’est obligé de prier sur de l’eau en cette saison hivernale. On n’a pas une autre comme celle-là, l’Etat doit faire face sérieusement à la rénovation de cette mosquée. Sinon, je ne le souhaite pas, on risque de vivre le pire un jour car, on dirait qu’elle ne tient plus assez. »
Aujourd’hui, d’après cet autre fidèle, moins de gens viennent prier dans cette mosquée, surtout les femmes dont les places à l’arrière ne sont plus adaptées : « Maintenant, il y a moins de fidèle pour la prière. L’extérieur est trompeur, quand vous rentrer à l’intérieur, vous tombez des nues surtout là où prient les femmes. Allez regarder, il y a des morceaux de bidons partout parce que le toit suinte. C’est désolant. »
Il est donc tant que les autorités revoient la situation de ce temple de Dieu qui il y a des temps faisait la particularité de la ville de Conakry et mieux, la Guinée étant à 95 % de confession musulmane, cet édifice ne peut continuer à être dans cet état car, il y va même de l’image de la religion dans le pays.
Amadou Keita