Guinée : Mohamed Traoré, bâtonnier de l’ordre des avocats : « Envoyer les gens en prison c’est devenu un fonds de commerce. »
Une semaine après la tentative d’évasion de prisonniers à la maison centrale de Conakry, l’ordre des avocats de Guinée se fait entendre. A l’occasion d’une rencontre avec la presse, ces avocats ont dénoncé la situation carcérale à la maison d’arrêt de Conakry, une situation pas des plus reluisantes selon eux.
Sur les constats, Mohamed Traoré bâtonnier de l’ordre national des avocats précise : « La maison centrale qui était conçue à l’époque coloniale pour 200 à 300 personnes, compte aujourd’hui 10 fois de plus que ce chiffre, pourquoi cette surpopulation carcérale, nous à notre niveau, nous avons estimé le fait qu’il y est trop de population carcérale pourrait expliquer aussi cette situation.
Cela veut dire quoi ? Les personnes qui sont en détention provisoire sont des personnes qui sont en attente d’être jugées donc des personnes qui ne sont pas condamnées encore. Hors, la loi dit que le juge ne peut obliger d’envoyer en prison quelqu’un qui attend son jugement. Autrement dit lorsqu’une personne est poursuivie, le juge à la possibilité de laisser cette personne en liberté jusqu’à ce qu’une décision intervienne sur son cas. »
Poursuivant, le bâtonnier pense que le problème se trouve bien ailleurs. C’est notamment, le problème de corruption dans les rouages de la justice qui serait à la base de cette situation de fait : « Nous constatons que ce qui est le principe à tendance à devenir l’exception et l’exception devient le principe. Ce qui veut qu’à chaque fois qu’un juge a en face de lui une personne poursuivie, son reflet est de l’envoyer directement en prison. Ce n’est pas nécessaire. Et, pourquoi ils le font, c’est parce que très souvent quand ils envoient ces gens en prison, ces personne pour qu’elles puissent être libérer provisoirement, les parents paient de l’argent. Ce qui fait que, envoyer les gens en prison c’est devenu un fonds de commerce. »
Ce qui explique clairement les raisons des énormes difficultés qu’endurent plusieurs détenues. Une situation à revoir pour sauver la question des droits de l’homme en Guinée. Inverser la tendance dans le sens du respect de ces droits est à ce jour une impérieuse nécessité pour l’image de la justice guinéenne.
Amadou Keita