Interview Soul Bang’s ‘’Les artistes Guinéens ne sont pas des mendiants’’.

by Kolazine / il y a 88 mois / 0 Commentaires
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Le RNB boss, Soul Bang’s était récemment en France précisément à Angoulême en compagnie de sa femme Manamba Kanté, aussi artiste-chanteuse. Il nous a accordé un entretien avant de décrocher le prix Découvertes RFI 2016.

Peut-on connaitre l’objet de ton séjour à Angoulême?

Vu qu’Angoulême c’est une ville très calme par rapport à Paris, je suis donc venu ici avec ma femme pour bien me reposer.

On peut donc dire que c’est la lune de miel qui continue ?

C’est exactement ça tu as compris.

Mais avant ton arrivée ici, l’on voyait des banderoles d’annonce de ton nouvel album ?

Nous sommes en pleine préparation pour la sortie de mon nouvel album. Presque tous les morceaux sont bouclés et nous réfléchissons sur une date de sortie officielle (NDLR février 2017). Comme tu le sais, en Guinée ce n’est pas facile avec tous les événements qui se succèdent. Cette fois ci, nous voulons que toutes les structures accompagnent la dédicace de cet album. Il faut savoir, aujourd’hui, que la musique guinéenne ne s’exporte pas et cela est quelque part causé par un manque de solidarité entre les structures. Si toutes les structures se donnaient la main pour accompagner chaque sortie d’album, je pense que la musique guinéenne aurait eu une très grande promotion.

Est-ce qu’on peut connaitre le titre de ton album ?

C’est, d’ailleurs, la première fois, en Guinée que le titre d’un album soit dévoilé avant sa sortie. C’est « Cosmopolite », qui sera composé peut-être de 15 à 20 titres, puisque j’ai envie de faire beaucoup de collaborations qui, certainement, vont me permettre de vendre l’album à l’international. En tout cas, nous travaillons sur les chansons.

L’album est aussi réalisé dans différents studios, semble-t-il ?

Oui. il a été réalisé entre différents studios à Paris et aux Etats-Unis. En Guinée, j’ai travaillé chez Fakri, un gars qui est devenu mon mentor.

Dans cet album, il y’a eu la participation de beaucoup de beat makers entre autres, Ricky de la Sierra Léone, Nico des Etats Unis, DSK, Fakri et beaucoup d’autres musiciens dont je ne finirai de citer le nom. Comme son nom l’indique, c’est vraiment un album Cosmopolite, parce qu’il vient de divers horizons.

Tu parles de featuring, peut-on avoir une idée des participants ?

Il y’a en vue, un featuring avec Eddy Kenzo, MC Galaxie, avec ma femme (NDLR Manamba Kanté, fille de la star mondiale Mory Kanté). Sur le plan national, on prépare un featuring avec la crème de la musique urbaine, on n’est donc en train de voir avec qui le faire vu que nous sommes très nombreux.

Qui produit l’opus ‘’Cosmopolite’’ ?

On n’a toujours pas de producteur, mais j’ai un label ‘’ RBN BOSS MUSIC’’ qui s’occupe de ma carrière. C’est un label qui regorge de quelques éléments basés en Guinée, aux Etats-Unis et en France.

Est-ce qu’on retrouve des instruments traditionnels guinéens comme la Kora ou encore le Balafon dans cet album ?

Bien sûr, on n’y retrouve des instruments locaux mais joués à ma façon. Je suis à la base un chanteur de la musique américaine ‘’le RNB’’. On ne peut donc se limiter que sur ça, la musique populaire m’as vu naitre et grandir et elle coule dans mes veines. Donc, j’ai fait jouer beaucoup d’instruments guinéens, s’il faut le dire africains. Mais, à ma façon.

Tu effectues des tournées internationales, on peut avoir un compte rendu ?

L’album est la priorité. Il y’a bien des stratégies que nous peaufinons pour booster cet album à l’international.. J’ai fait une mini tournée mondiale, un concert à Paris, deux en Allemagne, un à Dakar, en Suisse et à Bruxelles. Je devais me produire au Niger mais ça n’a pas eu lieu.

Qu’en est-il de la production du prix ‘’Impuls It’’ ?

Oui ça tient toujours, mais vu qu’on n’avait beaucoup avancé par rapport à l’album, on n’a estimé que ça serait du gâchis en faisant une autre production à part. On n’a donc jugé nécessaire de réserver cela pour autre chose et également la couverture médiatique pour booster ce nouvel album.

Ta femme aussi se prépare pour son album ?

Bien sûr elle va venir, mais ça sera après. On ne peut pas poursuivre deux lièvres à la fois, ma femme c’est moi et vice-versa. Si je suis en train de faire quelque chose aujourd’hui, elle doit se joindre à moi et après on va entamer pour elle. Pour le moment, on n’est sur ‘’Cosmopolite’’.

Comment ça se passe avec ton épouse ?

Oui ça se passe bien. Je trouve que ma femme est, déjà, mature, cela me soulage beaucoup parce qu’on se comprend et la communication passe bien entre nous. L’on sait que dans la vie ce n’est pas facile, mais, il faut savoir ce que l’on veut. Quel que soit la personne avec laquelle tu vis, c’est de savoir d’abord pardonner et bien communiquer pour la compréhension.

Comment tu travailles avec ta femme sachant qu’elle fait, essentiellement, de la musique mandingue ?

La musique n’a pas de limites, c’est le métissage. Le monde même est construit sur le métissage. Vu qu’elle fait de la musique mandingue, pourquoi ne pas l’amener aussi à faire du RNB ou autre chose.

Quelle lecture fais-tu de l’évolution de la musique guinéenne à l’internationale ?

Musicalement parlant, je dirai qu’il n’y a pas d’industrie musicale en Guinée, mais, aussi, musicalement parlant, je dirai que la musique guinéenne ne se porte pas mal. Il y’a quand-même beaucoup de talents qui peuvent se faire bien écouter ailleurs.

C’est tout de même dommage que la Guinée, un pays de culture, où l’Etat refuse de s’investir pour booster les talents. Mais qu’à cela ne tienne, nous on ne va pas s’arrêter et nous allons continuer à travailler, pour sortir la Guinée de l’ornière.

Quelle lecture fais-tu de la gestion des droits d’auteurs en Guinée ?

C’est juste mal géré. Par rapport à la musique guinéenne, la gestion des droits d’auteurs n’est qu’une goutte d’eau. Il y’a beaucoup d’autres problèmes qui l’assaillent. Il faut donc que l’Etat écoute nos conseils, c’est nous qui connaissons nos problèmes.

Il faut que nous soyons payés à nos justes valeurs, les artistes guinéens ne sont pas des mendiants. On ne devrait pas chanter un ministre pour qu’il nous donne de l’argent. On doit nous payer pour ce qu’on fait et c’est en cela nous pouvons être beaucoup plus considérés. Il faut donc que le combat continue.

Ton mot de la fin ?

Je dis grand merci à mes fans, c’est grâce à eux je suis inspiré et j’existe encore. Merci aussi à vous les grands animateurs culturels de notre pays, puisque c’est grâce à vous que la musique guinéenne est écoutée chez nous en Guinée. Centaines radios ne jouent pas de la musique guinéenne, tout ça, c’est la faute à l’Etat.

M Samba Bah, envoyé spécial à Angoulême







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