Hommage à Taban Sylla : ‘’Il n’a pris que trois mois de salaire. Juste le temps de poser sa voix, de laisser son empreinte….’’. (Hommage de la Radio Nationale)

Le cœur de la préfecture de Dubréka, bercé par les murmures des bois et le souffle humide de l’océan, vit naître en 1984 un as du micro. Entre les mangroves silencieuses et les collines verdoyantes, sa voix s’éleva pour briser les silences. Je veux nommer Daouda Taban Sylla. Il a affûté ses armes dans les couloirs étroits de la presse écrite, plumes acérées, regards vifs. Il traquait la vérité là où d’autres détournaient les yeux. Je sais de quoi je parle. Professionnel dans l’âme, il se plaisait dans des reportages initiés. Et qui dit initié, dit la vérité. Il fouinait, guettait, observait, silencieux parfois, mais jamais absent. DTS captait ce que les autres ignoraient, les non-dits, les regards fuyants, les vérités étouffées. Daouda Taban Sylla a établi un pont entre le privé et le public. Il débarque à la RTG, non pas comme un simple relais d’information, mais comme une voix, une conscience. Un feu. Il arrive en ayant bâti son sous-bassement professionnel. Il procéda à l’élévation des murs intellectuels dans des émissions comme Opinion Croisée, Zénith sur Koloma et Presse Hebdo. Après avoir intégré la fonction publique, ce fut comme l’accomplissement d’un long chemin semé d’épreuves. Un rêve devenu réalité, non pas pour lui seul, mais pour toute une génération qui voyait en lui un éclaireur. Mais le destin, lui, n’attend pas les lendemains. Il n’a pris que trois mois de salaire. Juste le temps de poser sa voix, de laisser son empreinte. Rappeler à Dieu des suites d’une courte maladie. C’est à Tunis que son souffle s’est éteint. Loin des siens, loin de ses bois natals et du vent de Dubréka. L’ancien administrateur du site d’information de la RTG s’en va, laissant derrière lui un vide difficile à combler dans le landerneau médiatique guinéen. Son départ n’a pas éteint la flamme. Il a confié à ceux qui savent que parler c’est risqué, mais se taire c’est trahir. Dors en paix, Daouda Taban Sylla. Hommage de la Radio Nationale